[Physiologie] [Economie de la santé] [Toxicologie] [Biologie moléculaire] [Biochimie]


lanatomie.free.fr

Physiologie cardiaque (Part 2)

PromoBenef : régie publicitairePromoBenef

V) Innervation cardiaque.



Le coeur doit être informé des différents besoins de l’organisme, mais à l’inverse, il doit informer l’organisme de ce qui se passe à son niveau.
Ce sont donc les 2 fonctions de l’innervation cardiaque extrinsèque.

Cette innervation comprend des nerfs moteurs centrifuges qui conduisent l’info des centres nerveux vers le cœur et des nerfs sensibles centripètes qui conduisent l’info du cœur vers les centres nerveux.

1) Les nerfs moteurs.



Il existe 2 catégories de nerfs moteurs : les nerfs cardio-modérateurs qui vont freiner l’activité cardiaque (SNV pΣ) et les nerfs cardio-accélérateurs qui stimulent l’activité cardiaque (SNV OΣ).

A) Les nerfs cardio-modérateurs.



a) Origine et trajet.


Naissent dans le bulbe rachidien au niveau du noyau cardio-pneumo-entérique et emprunte le trajet des X (vague).
Au niveau du cou, ces X longent la carotide primitive et arrivent au niveau du cœur après avoir fait relais dans un ganglion situé au niveau du plexus cardiaque, à l’intérieur même du cœur.

Ils sont constitués d’un neurone pré-ganglionnaire très long qui va des centres nerveux jusqu’au ganglion du plexus cardiaque et d’un petit nombre de fibres post-ganglionnaires très court → action localisée.
Ces neurones interviennent essentiellement au niveau du nœud sinusal puis à un degré moindre au niveau du nœud de Tawara et encore moins au niveau du faisceaux de His et sur les fibres myocardiques auriculaire et ventriculaire.

b) Effets de l’excitation.


L’excitation du bout périphérique des X avec un courant d’I faible, cela va entraîner un ralentissement du cœur (bradycardie).
Dés que l’on arrête la stimulation, le cœur reprend son rythme initial.


Si on stimule les X avec un courant d’I beaucoup importante, on aura un arrêt en diastole puis on va repartir avec un rythme beaucoup plus lent que le rythme initial (rythme d’échappement).
L’excitation des X inhibe inhibe le fonctionnement du nœud sinusal, des foyers d’automatisme sous-jacents prennent le relais de l’automatisme cardiaque.


Les effets de l’excitation des X sont donc :


Travaux de Loewi (1821)
Il a montré que la stimulation des X libérait une substance chimique, le neuromédiateur (acétylcholine), très rapidement détruite par la choline-estérase (explique que le cœur reparte immédiatement après arrêt de la stimulation).
Cette acétylcholine n’est pas seulement libérée par les X mais par tous les nerfs du pΣ (nerfs du système cholinergique).

L’atropine (parasympatholytique (pΣ-)) s’oppose aux effets de l’acétylcholine sur les organes effecteurs et en particulier sur le cœur.
Cette atropine est un antagoniste compétitif qui se fixe sur les récepteurs muscariniques.


B) Les nerfs cardio-accélerateurs.



a) Origine et trajet.


Ces fibres prennent naissance au niveau des cornes latérales de la ME thoracique et sortent par les racines antérieures des nerfs rachidiens T1 à T5.
Elles vont atteindre la chaîne ganglionnaire latéro-vertébrale par les RCB (rameaux communiquant blancs) et vont faire relais au niveau de cette chaîne ganglionnaire dans le ganglion stellaire (= ganglion étoilé).

Toutes les fibres pré-ganglionnaires font relais au niveau du ganglion stellaire, certaines des fibres post-ganglionnaires vont repasser par le ganglion cervical moyen pour se diriger ensuite vers le cœur, les autres se dirigent directement vers celui-ci.
L’ensemble des fibres post-ganglionnaire passe par le plexus cardiaque avant d’arriver au cœur proprement dit (sans y faire relais).

Les neurones pré-ganglionnaires sont donc plus courts que les neurones pré ganglionnaires pΣ, ils s’articulent avec un nombre important de fibres post-ganglionnaires, ceci explique l’action diffuse des nerfs cardio-accélérateurs qui vont innerver à la fois tout le tissu nodal ainsi que l’ensemble des fibres musculaires myocardiques.

b) Effet de l’excitation.


L’excitation du ganglion stellaire va provoquer une augmentation de la fréquence cardiaque : tachycardie (chronotrope >0), de la force des contractions cardiaques (inotrope >0) et de la vitesse de conduction auriculo-ventriculaire (dromotrope >0) ainsi que de l’excitabilité (bathmotrope >0).
Diminution des périodes réfractaires auriculaires et ventriculaires se traduisant par des troubles du rythme quand l’I d’excitation est importante allant jusqu’aux fibrillations (activité électrique désordonnée, éjection de sang nulle).

Fibrillation au niveau d’une oreillette : non-mortel.
Fibrillation au niveau d’un ventricule ; mortel à très court terme.


c) Mécanismes d’action.


Démontré par Von Euler.
Les nerfs cardio-accélérateurs agissent en libérant une substance chimique (neuromédiateur) : NAd (neuromédiateur de tout le Σ).

La NAd est très proche de l’Ad qui exerce sur le cœur les mêmes effets que la NAd.
Elle est relativement lentement détruite par 2 enzymes : MAO et COMT.

Les substances qui vont reproduire les effets de la NAd ou les effets de la stimulation des fibres Σ sont appelées substances sympathomimétiques (Σ+), celles qui s’y opposent sont des sympathicolytiques (Σ-).

Quand on stimule simultanément les fibres cardio-modératrices et cardio-accélératrices, c’est la cardio-modération qui l’emporte.

2) Les nerfs sensibles.



Ils vont aller du cœur jusqu’aux centres nerveux, les fibres nerveuses prennent naissance au niveau de très nombreux récepteurs sensibles aux variations du milieu.
A l’état normal, on ne perçoit pas les battements cardiaques.
Dans certaines conditions pathologiques : angine de poitrine ou infarctus du myocarde, le cœur va être le point de départ de sensations douloureuses, ceci correspond à une sensibilité consciente.

Les influx de cette sensibilité consciente vont utiliser le trajet des nerfs cardio-accélérateurs.

Il existe au niveau des oreillettes de très nombreux récepteurs parmi lesquels des barorécepteurs, des volorécepteurs ou des chémorécepteurs (variation de pH).
Ces différents récepteurs vont être à l’origine d’une sensibilité inconsciente dont les influx vont emprunter le trajet des X.

Ex : Lorsque l’on observe une diminution du volume de sang au niveau de l’oreillette droite, ceci va donner naissance à des influx qui, en empruntant le trajet des X, vont atteindre l’hypothalamus pour provoquer des modifications de sécrétion hormonales dans le but de compenser la diminution de volume de sang observée.
Cela se traduit par une augmentation de la sécrétion d’ADH pour diminuer la diurèse.

3) Les centres nerveux.



Les centres cardio-modérateurs sont localisés dans le bulbe rachidien et plus précisément au niveau du plancher du 4ème ventricule.
Les centres cardio-accélérateurs sont situés dans les cornes latérales de la ME thoracique en T1 et T5, Il existe d’autres centres cardio-accélérateurs qui ont eux une localisation bulbaire, ces derniers vont agir à la fois sur et par l’intermédiaire des centres cardio-accélérateurs médullaires.

4) Mise en jeu de l’innervation cardiaque extrinsèque (ICE)



La stimulation ou l’inhibition des centres cardio-modérateurs ou cardio-accélérateurs est déterminé selon 3 modes différents : réflexe, centrale et intercentrale.
Par ailleurs, cette mise en jeu peut être permanente (notion de tonus) ou intermittente (mise en jeu intensifiée).

A) Mise en jeu tonique.



La FSA (Fréquence Sinusale Autonome) d’un cœur est la fréquence de ce cœur privé de son innervation, elle est chez l’homme d’environ 106 systoles/min alors que la FS au repos est chez l’homme de 70 systole/min.
Conclusion : en permanence, l’innervation cardiaque modifie la fréquence du cœur.

a) Le tonus cardio-modérateur (TCM).


C’est l’influence permanente exercée par le cœur par l’innervation cardio-modératrice.


Mise en évidence.
 


Origine.

Réflexe, fonctionne selon le schéma : récepteur → voie sensitive → centre nerveux → voie effectrice → effecteur.

• Effecteur : cœur
• Voies effectrices : fibres cardio-modératrices des 2 X.
• Centres nerveux : centres cardio-modérateurs bulbaires.
• Voies sensitives :
o Ludwig-Cyon : mise en évidence chez le lapin 2 nerfs naissant à la crosse de l’aorte et remontant le long des carotides, leur excitation ralentit le cœur : nerfs de Ludwig-Cyon.
Chez l’Homme, ces 2 nerfs existent mais sont inclus dans la gaine globale des X, ils vont aux centres nerveux mêlés à l’ensemble des fibres de ces X.
o Hering : mise en évidence de 2 autres nerfs issus chacun d’un sinus carotidien (jonction carotide interne/externe) qui, lorsqu’ils sont stimulés, ralentissent le cœur. Ces nerfs rejoignent les centres nerveux en suivant le trajet des IX (glosso-pharyngien) : nerfs de Hering.


Ces nerfs sont bien sensitifs car après section, l’excitation du bout périphérique ne donne rien tandis que l’excitation du bout central provoque une brachycardie.
L’excitation des bouts centraux de ces 4 nerfs donne le même effet que l’excitation des bouts périphériques des X.
Après injection d’atropine, l’excitation du bout central de ces nerfs devient inefficace.
La section de ces 4 nerfs accélère le cœur de la même façon que la section des 2 X.
Donc les voies sensitives de ce réflexe responsable du TCardioModérateur sont conduites par ces 4 nerfs.
• Récepteurs :
Barorécepteurs sensibles à l’étirement des paroi vasculaires sous l’influence des variations de pression qui ont un double localisation : au niveau de la crosse aortique, point de départ des influx qui parcourent les nerfs de LC et au niveau des 2 sinus carotidiens, point de départ des influx parcourant les nerfs de Hering.

Fonctionnement du baro-réflexe : on place des μ-électrodes au niveau des nerfs de Hering et des X. On va faire varier la pression artérielle au niveau des sinus carotidiens qui correspondent aux nerfs de Hering dont on enregistre l’activité, on va ensuite mesurer la fréquence cardiaque.

   

Pression Hering X Fréquence cardiaque
70mmHg 200 sys./min
72mmHg 180 sys./min
130mmHg (val. physio.) 70 sys./min
200mmHg 50 sys./min

   

Dés que la pression dépasse 70mm Hg, on voit apparaître des influx au niveau des barorécepteurs.
Au fur et à mesure de l’accroissement de la pression artérielle, la fréquence des influx nerveux augmente tandis que la fréquence cardiaque diminue.
La pression artérielle étant physiologiquement de 130mm Hg, les centres cardio-modérateurs sont donc stimulés en permanence → tonus cardio-modérateur.

Les nerfs de LC et des Hering sont également appelés nerfs frénateurs, nerfs barosensibles ou nerfs cardio-modérateurs.
Les barorécepteurs dont le rôle est de maintenir relativement stable la pression artérielle sont localisés de façon à pouvoir jouer ce rôle vis-à-vis de 2 organes essentiels : cœur et cerveau.

b) Le tonus cardio-accélérateur (TCA).


C’est l’influence permanente exercée sur le cœur par l’innervation cardio-accélératrice.
Ce tonus est difficile à mettre en évidence car il est peu important (en variations) et masqué par le TCM.

Mise en évidence.

Chez l’Homme au repos, la fréquence sinusale est de 70 systoles/min.
Après β-bloquants (Propranolol, substance qui va s’opposer aux effets de l’innervation cardio-accélératrices), chute à 50 sys./min dans le meilleur des cas.
Après atropine ou section des 2 X, la fréquence sinusale est de l’ordre de 200 sys./min.
Atropine + β-bloquants : FS à 106 sys./min → FS autonome.
Il existe donc bien 1 TCA, donc une libération permanente de NAd. Il est masqué par le TCM.

Origine.

Ce TCA n’est pas d’origine réflexe, il résulte tout simplement d’un fonctionnement permanent des centres cardio-accélérateurs bulbaires.


B) Mise en jeu intensifiée.



a) Mise en jeu réflexe.


Les récepteurs à l’origine d’une mise en jeu intensifiée par voie réflexe sont situés n’importe où dans l’organisme.

Réflexe à point de départ des barorécepteurs.
Quand la pression artérielle devient supérieure à 130mm Hg, les barorécepteurs sont d’avantage stimulés, on observe une mise en jeu intensifiée de l’innervation cardio-modératrice.
Quand la pression artérielle descend, le cœur s’accélère par inhibition du TCM et par mise en jeu intensifiée de l’innervation cardio-accélératrice.
C’est ainsi que le passage de la position couchée à la position debout qui entraîne une hypotension momentanée en raison d’une stase sanguine au niveau des membres inférieurs. Du fait de la chute de pression on a une tachycardie réflexe.

Réflexes à point de départ des volorécepteurs.
Des variations de volume sanguin à la base des veines cave ou dans l’oreillette droite entraînent des modifs de la fréquence cardiaque.
Une augmentation du volume de sang à ce niveau provoque une tachycardie réflexe: Réflexe de Brainbridge.

Réflexes à point de départ des viscères.
Il existe un réflexe (réflexe oculo-cardiaque) qui fait la compression des globes oculaires provoque une bradycardie.
Une irritation des muqueuses par du chloroforme provoque une diminution de la fréquence cardiaque (jusqu'à l’arrêt cardiaque).

b) Mise en jeu centrale.


Correspond à une stimulation directe des centres nerveux, soit par différentes substances (CO2, O2, CO…), soit par les variations du pH ou de la T° du sang qui irrigue ces centres ou bien encore par des stimuli mécaniques (en cas de tumeur venant comprimer la région du bulbe ou se trouve ces centres), on observe une bradycardie importante.

c) Mise en jeu intercentrale.


Résulte de l’association fonctionnelle de centres nerveux situés à proximité les uns des autres, le psychisme intervient, les différentes émotions accélérant le rythme cardiaque.
Les centres respiratoires interviennent également, on observe chez un sujet jeune au repos une arythmie cardiaque d’origine respiratoire importante (le rythme cardiaque augmente au moment de l’inspiration et diminue pendant l’expiration).

d) Influence de l’adrénaline.


L’Ad, sécrétée par la médullo-surrénale lors d’agressions ou émotions, exerce sur le cœur les mêmes effets que la NAd, elle va venir renforcer les effets du système OΣ.

 


[Accueil]

Physiologie cardiaque (Part 3)